La Tribune ce matin...
Les low-cost paient la rançon de leur succès en Bourse
Les compagnies à bas coûts n'ont cessé d'alerter sur leurs résultats ces derniers mois. Leurs actions plongent depuis janvier. Si Easyjet a dévoilé vendredi de bonnes perspectives, celles-ci reposent pour beaucoup sur des réductions de coûts.
Les actions Easyjet et Ryanair
Easyjet : - 7 %, Aer Lingus : - 13 %, Air Berlin : - 25 %, Vueling : - 74 %... C'est la Berezina en Bourse pour les compagnies aériennes européennes low-cost (à bas coûts) depuis janvier. Rien d'étonnant, au vu des résultats et perspectives dévoilés ces derniers mois : le bénéfice opérationnel d'Air Berlin a été divisé par deux au deuxième trimestre, l'espagnole Vueling a lancé deux alertes sur ses résultats 2007 et l'irlandais Ryanair a averti d'un ralentissement de la croissance de ses bénéfices, pour l'exercice 2007-2008. Et si la britannique Easyjet a pu prédire vendredi une hausse de 50 % de son bénéfice avant impôts, pour 2006-2007, c'est essentiellement grâce à des réductions de coûts.
Qu'arrive-t-il aux low-cost, plébiscitées par les investisseurs au cours des six dernières années ? Elles paient la rançon de leur succès. Les pionnières Ryanair et Easyjet ont fait trop d'émules. Une cinquantaine de low-cost gravitaient en Europe fin 2006, selon l'organisme Eurocontrol. Car les compagnies traditionnelles se sont elles aussi mises sur ce créneau, en créant des filiales spécialisées, comme Transavia chez Air France-KLM. L'offre est devenue d'autant plus importante que nombre de low-cost ont augmenté leurs capacités (de sièges offerts) de façon trop importante par rapport à l'évolution du trafic. Conséquence, ces compagnies se livrent une guerre des prix sans merci, qui grève d'autant plus leurs marges que le prix du carburant est aujourd'hui très élevé.
UNE REMISE EN CAUSE DU BUSINESS MODEL
Pour certains analystes, les low-cost n'ont d'autre choix que de développer des liaisons long-courriers, afin de trouver des relais de croissance hors d'un ciel européen encombré. C'est dans cette perspective qu'Air Berlin a racheté cette année LTU, bien positionnée sur le long-courrier. Reste qu'il s'agirait d'une remise en cause du business model des low-cost, fondé sur la desserte de courtes liaisons, lesquelles permettent de réduire les coûts au maximum, les avions restant peu de temps au sol et les passagers devant acheter boissons et nourriture à bord.
Air Berlin va encore plus loin dans la diversification, avec la récente acquisition de la compagnie Condor. Mais la meilleure solution aux problèmes des low-cost réside sans doute dans la concentration du secteur. Vraisemblablement sous la houlette de Ryanair, qui demeure l'une des low-cost les plus importantes et les plus rentables du monde, avec un chiffre d'affaires de 2,2 milliards d'euros sur l'exercice 2006-2007, et une marge opérationnelle de 21 %. À quoi s'ajoute une trésorerie nette de 336 millions d'euros.